Opération déneigement
Ville de Québec
Que font-ils ?
Trois heures du matin, en plein mois de février, le froid passe à travers la couverture du lit. La fenêtre est restée ouverte. Je risque un orteil en dehors de la couette. Ouille. La mission de sortir mon corps tout entier du nid douillet va être difficile. Je prends mon courage à deux mains (et la couverture avec) et je cours jusqu'à la fenêtre afin de la fermer. En jetant un oeil dehors, j'entrevois des énormes phares à travers la nuit noire, accompagnés du bruit de signalisation qui rythme les nuits québecoises durant les tempêtes de neige. Les déneigeurs sont de sortie. Avant de me replonger dans les draps, je prends le temps de les observer. Et si j'allais un peu plus près de ces sculpteurs de neige qui travaillent quand tout le monde dort? J'enfile mes souliers, ma tuque, mes mitaines et c'est parti.
- Bonjour Monsieur, je voulais savoir un peu plus sur votre travail ?
- Halo ! Je suis désolé mais je n'ai pas beaucoup de temps pour vous, dans trois heures, les riverains vont se réveiller et il faut que tout soit dégagé...
Actifs depuis le début de la tempête, les déneigeurs doivent dégager les rues afin de permettre, le plus rapidement possible, une circulation sécuritaire des véhicules et des piétons. Comment se passe le déneigement d'une rue? Un petit monde organisé où chacun a sa tâche. Chaque ville est divisée en plusieurs secteurs. Par équipe, les déneigeurs ont un secteur qui leur est assigné. "Les déneigeurs connaissent les rues qu'ils déneigent par coeur. Ils savent, par conséquent, où le danger se trouve" explique Jacques Côté, directeur de Formalourd.
Chacun sa machine,
chacun son rôle
24h sur 24
Cela se fait, la plupart du temps, par roulement. Les équipes de déneigeurs se relaient. "Que ce soit pour la voirie, les municipalités ou les contracteurs, il y a tout le temps un gardien qui veille et appelle le personnel lorsqu'il commence à neiger" témoigne Jacques Côté, ancien déneigeur. Lorsque la tempête est longue, les équipes se succèdent car un employé ne peut travailler plus de treize heures consécutives sans dormir.
Deux phases de déneigement
1. À la tombée de la neige, les machines côtoient les voitures sur les routes et les piétons marchent au rythme des déneigeuses de trottoirs. C'est à ce moment-là que la neige est poussée sur les côtés afin de dégager un maximum les rues et les passages utilisés par les riverains.
2. La deuxième phase est appelée "Opération Déneigement". La neige est enlevée par soufflage en utilisant l'espace de stockage disponible sur les terrains riverains. Le transport de la neige se fait selon certains critères : espace insuffisant de stockage, aménagements publics à protéger ou encore présence de fils électriques. La neige sera transportée jusqu'aux différents dépôts prévus à cet effet. Cette opération se fait la nuit.
D'après la politique de déneigement de la ville de Québec :
Chaussée de niveau 1 : artères principales et secondaires, collecteur principal, artère commercial, zone scolaire.
Chaussée de niveau 2 : circuit d'autobus ou collecteur secondaire avec une pente de plus de 5%
Chaussée de niveau 3 : les chaussées non reprises par les deux premiers niveaux
L'épandage
Le déneigement ne fait pas tout. Des produits sont utilisés afin d'assurer la sécurité des citoyens qui mettent le nez dehors. La majorité du temps, certaines parties des voiries sont recouvertes d'un mélange "de fondant et d'abrasif" explique Mr. Potvin, directeur général adjoint aux services de proximité de la ville de Québec. Le fondant, c'est-à -dire le sel, fait fondre la neige et la glace, mais il n'a pas de propriétés "antidérapantes" et est vendu très cher. Pour contrer les faiblesses du sel, un abrasif est ajouté au mélange: une petite pierre de 5 mm. Cette pierre augmente la rugosité et l'adhérence. A noter que le mélange doit être constituté d'un minimum de 10% de fondant. "L'épandage d'abrasif et de fondant varie selon l'état des précipitations, leur quantité, les conditions de surface, explique Wendy Whittom, conseillère en communication, et il change une fois que les précipitations sont terminées." Le sel est habituellement utilisé dans les côtes et les rues à forte pente, dans les zones scolaires, aux passages à niveaux, aux intersections avec feux clignotants ou arrêt obligatoire et dans les courbes prononcées.
Les machines
Et l'été?
Les machines utilisées pour le déneigement ne se reposent, pour la plupart, pas pendant l'été. Elles sont transformées afin de servir pour les travaux d'entretien de la ville. Les chenilles de trottoirs deviennent des balais ou encore d'autres se transforment en "camions arrosoir". Tout comme les machines, les déneigeurs s'adaptent à la météo et changent leurs pratiques. Ils deviennent pour la plupart paysagistes ou s'occupent de l'entretien des routes.
Leur formation
La moitié du déneigement des rues de Québec est assurée par des entrepreneurs privés. L'autre 50% l'est par les employés de la ville. Pour assurer l'aménagement de toute cette neige, la ville a du s'équiper. "Les entrepreneurs qui font également du déneigement à Québec doivent posséder au total l'équivalent de cette machinerie" affirme Wendy Whittom.
Ces machines sont-elles difficiles à manier? "Les déneigeurs ont plus de misère avec la niveleuse car il y a beaucoup de bras à gérer et cette machine demande énormément de manutention" explique Jacques Côté, formateur pour les poids lourds. Et sans hésitation, la machine la plus facile à conduire est la chenille à trottoir "je pense que tout le monde pourrait conduire ça" sourit Jacques Côté. Vous voilà maintenant informés si vous décidez de changer de carrière! Plus sérieusement, les machines utilisées pour le déneigement sont des véhicules "lourds". Conduire ces différentes machines demande une très grande prudence et bien entendu, une formation.
Et oui, même le signaleur qui marche en avant de la souffleuse doit suivre une formation. Il joue, en effet, un rôle important puisqu'il doit surveiller les alentours et signaler le moindre petit danger. Si le camion à gratte passe après la chenille de trottoir et remet tout un tas de neige là où les piétons sont censés passer. Ce n'est pas très malin. Chaque machine a ses spécificités. Il faut donc suivre une formation pour chacune d'entre elles.
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La ville de Québec et les entreprises de déneigement devront débourser 85$ de l'heure pour chaque employé formé. Les tarifs se font à l'heure car la formation pratique peut prendre un ou deux jours selon les compétences du futur déneigeur. Enfin, les cours de théorie (4h) peuvent se faire en groupe où un forfait de 350$ est facturé pour 12 personnes.
Budget
Le déneigement des voiries fait partie du budget dit "de fonctionnement" de la ville de Québec. Ce budget assure la gestion des affaires courantes comme, par exemple, le déneigement, la sécurité publique, les loisirs ou encore l'alimentation en eau potable. D'où vient l'argent qui crée ce fond? La majorité provient des taxes municipales.
Le budget 2016 de la ville de Québec prévoit 41,8 millions de dollars pour le déneigement. Soit 0,6M$ de plus que le budget de l'année 2015.
Mais ce n'est pas tout! La ville de Québec prévoit également une réserve financière suffisante afin de faire face à des situations exceptionnelles ou imprévues. Les opérations de déneigement en font partie. 20 millions de dollars sont en réserve afin d'assurer le déneigement en cas d'une surprise de la part de Madame Météo. Avant d'utiliser ces 20 millions, il faut, bien entendu, que les coûts réels dépassent le budget alloué (soit 41,8M$) et qu'il soit impossible de combler cet excédent de dépenses par une autre source de financement.
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